Pour Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet de recrutement Clémentine, les objets connectés et les e-services joueront un rôle de plus en plus important.
Aujourd’hui, sous la pression d’une révolution mondiale de la médecine portée par la maturation des technologies (Big Data, HPC, Cloud, objets connectés…), la possibilité d’applications inédites des compétences digitales se multiplient, en lien étroit, voire au cÅ“ur même d’un écosystème Santé en pleine effervescence. Le secteur de la santé entendu dans un sens large, peut-il devenir le nouvel Eldorado des jeunes talents? S’il est encore tôt pour se prononcer, on peut cependant entrevoir l’amorce d’une évolution que les professionnels de l’acquisition de talents observent attentivement.
Digital et Santé, des rapprochements multiformes
Les volontés publiques en France et dans le monde, encouragent l’avènement d’une santé « digitale » où les objets connectés et les e-services joueront un rôle de plus en plus important. Télémédecine et applications mobiles promettent de pallier les déficiences de systèmes de soins qui doivent faire face aux difficultés engendrées par l’allongement de la durée de vie, les pathologies chroniques ou encore l’inégalité d’accès aux traitements médicaux. La santé « mobile » présente aux yeux de tous les acteurs, patients inclus, de multiples avantages dont celui d’une médecine personnalisée, voire préventive, essentielle au « mieux-être » comme à la maîtrise des coûts. De nouvelles impulsions publiques (PIA, Programme Hôpital Numérique), un cadre réglementaire récemment stabilisé, encouragent le développement des structures de l’e-santé en France et en accélèrent les positionnements et choix technologiques. Dans une étude publiée fin 2014, le cabinet Xerfi Precepta chiffre ce nouveau marché à 2,7 milliards d’euros avec une progression annuelle de 4 à 7% ; des conditions favorables pour que de nouveaux entrants viennent occuper des segments d’un marché déjà convoité par les géants d’Internet, Google en tête. Parallèlement, des start-up innovantes situées au carrefour de l’informatique, de la santé et des dispositifs médicaux se portent au devant des attentes: applications mobiles et logiciels spécialisés dans la gestion de la relation au patient, techniques médicales non intrusives, utilisation de la réalité virtuelle et augmentée, interfaces cerveau-ordinateur, télédiagnostic, télésurveillance et domotique médicale, robotique chirurgicale, nanotechnologies de diagnostic, etc, la liste ne cesse de s’allonger tant les possibilités sont nombreuses.
Une nouvelle impulsion pour toutes les compétences
Au-delà du phénomène e-santé, l’ensemble des acteurs économiques associés au domaine médical (assureurs, mutuelles, industries pharmaceutiques, laboratoires, organismes publics) traverse conséquemment une phase de transition… et d’incertitudes. Essentiels à leur réactivité, les professionnels du numérique y jouent un rôle stratégique. Compter dans ses équipes des talents capables d’évaluer finement les enjeux comme de mettre en Å“uvre les solutions pertinentes, est plus que jamais indispensable. Dans un contexte international, où de nouveaux besoins, produits et services apparaissent (au risque de rendre l’offre illisible), l’acquisition et la gestion des talents digitaux engagent l’avenir de la transformation digitale de la santé. Elle reposera en effet sur leur capacité à négocier cette étape et relever les défis de nouveaux modèles économiques.
Or ces évolutions rapides sont amenées à modifier la distribution comme la disponibilité des compétences. On trouve désormais sur les portails médicaux, aux côtés d’offres d’emploi orientées soin, des profils digitaux (R&D, Sécurité, Big Data, Cloud, développeurs, etc.). Certaines grandes écoles du monde digital prennent une longueur d’avance en proposant des mineures Santé destinées à sensibiliser leurs étudiants aux problématiques interdisciplinaires et les familiariser avec les réglementations spécifiques à l’industrie de la santé. Des initiatives qui vont dans le sens d’une évolution, à la fois des métiers, mais plus précisément de leur environnement ; elles préparent la rencontre, devenue incontournable entre les cultures des métiers du numérique et celles des thérapeutes de tous horizons.
De nouvelles vocations pour la génération Z ?
Le fait est que le secteur de la santé a beaucoup pour séduire les jeunes professionnels ; il porte en lui la promesse d’avancées décisives et d’initiatives pionnières comme de la prise en charge attendue de pathologies et affections dont les traitements sont encore insuffisants (autisme, séquelles d’AVC, handicaps, troubles cognitifs…). Il donne une réalité à des thématiques futuristes (interfaces neurales, prothèses, intelligence artificielle, médecine prédictive) ajoutant à cela la perspective d’exercer un métier à l’image positive dans un environnement en plein devenir et de contribuer à quelque chose d’utile pour tous.
Data sciences, intelligence artificielle, bio-engineering, sécurité, l’univers médico-scientifique articule sophistications techniques, découvertes, échanges internationaux et objectifs éthiques, faisant ainsi renouer les métiers du numérique avec leur dimension humaniste. Les entreprises verront-elles leurs meilleurs talents digitaux céder à l’appel d’un secteur porteur de telles promesses : un avenir libre de maladie, voire, comme l’annonce Google, un futur dans lequel la durée de vie sera allongée de 20 ans ?
Il est possible qu’à l’avenir les nouvelles opportunités offertes rencontrent précisément les attentes fortes des « digital natives ». Aussi est-on en droit de s’attendre à un rééquilibrage des choix professionnels qui place la gestion des talents digitaux au centre des préoccupations de tous les acteurs en présence.
C’est là , à n’en pas douter, que se situeront les prochains défis pour les responsables de l’acquisition de ces talents ; ils devront eux-aussi concevoir de nouveaux liens entre les acteurs historiques de deux mondes et leurs cultures, comprendre et articuler cette rencontre afin qu’elle soit un succès pour tous.
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